Dominique Breton

Dominique Breton

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D'un tempérament méditatif, Dominique Breton voit dans la nature le visage terrestre de Dieu. Il lui est impossible de créer sans un contact direct et renouvelé avec le spectacle qu'elle met chaque jour sous ses yeux. Elle la vénère en toute saison, tout en élaborant sa peinture en deux temps, travaillant d'abord en plein air pour achever ensuite l'ouvrage à l'atelier, quand la météo se fait moins clémente. «De temps en temps, dit-elle, une toile s'envole et se trouve abîmée, mais je ne peux m'empêcher de nourrir mon art de la vie. » L'atelier de Dominique Breton s'ouvre sur son jardin, de sorte qu'elle est, à tout moment, immergée dans le monde végétal. On comprend d'autant mieux qu'elle use d'une palette lumineuse et claire.

Installée tout au bout de son village, Dominique Breton habite une sorte d'oasis où fleurs et plantes s'épanchent autour de sa maison. Un plan d'eau rempli de poissons donne à cet univers enchanteur une note toute particulière. Dès que renaît le printemps, les oiseaux mêlent leur ramage aux nuances du jardin où le peintre n'a qu'à se pencher pour sentir la présence bénéfique et odorante de la nature. Dès sa sortie de l'Ecole des Beaux-Arts de Rouen, Dominique fut amenée à travailler avec le peintre Franck Innocent, figure marquante de la peinture normande, qui lui inculqua une certaine vision des choses. Sans renier l'influence de son maître, dont elle est aujourd'hui l'exécuteur testamentaire, elle s'en distingue toutefois par la douceur de sa palette et sa manière légère et plus fondue. Ce fut vers le milieu des années 1970 que Dominique Breton entreprit ses toutes premières expositions personnelles (à Rouen, Evelyne Née-Nocq et Patrick Grindel l'accueillirent successivement dans leur galerie. Beaucoup plus tard, Gérard Boudin lui ouvrit à son tour ses cimaises. Mais elle prit très vite l'habitude de montrer son travail en différentes régions de France (Charleville-Mézières, Trébeurden, Quiberon, Centre Paul Gauguin de Pont-Aven, etc.). Dès 1977, Dominique eut la chance d'être accueillie par la galerie Présent Art, prenant immédiatement la suite de Léonor Fini. Cet heureux concours de circonstances lui mit sérieusement le pied à l'étrier.

S'il est des peintres qui s'acharnent à répéter sans cesse un même sujet ou s'attachent résolument à un site particulier, Dominique Breton aime à promener son chevalet dans toutes les régions de France, avouant toutefois une certaine prédilection pour les grèves du Cotentin. Sa propre mère vivant à Carteret, cet intérêt s'explique d'autant. Mais ce sont les parages de Barfleur qui lui ont récemment inspiré quelques-unes de ses plus meilleures toiles. L'atmosphère du bocage et des petits villages débouchant sur des grèves radieuses (le phare de Goury lui a valu de fort belles pages) possède un charme teinté d'une certaine rudesse et nous comprenons que Dominique s'y sente si bien. Chaque fois qu'elle se retrouve dans ce cadre sans pareil, cela lui donne des ailes. Il n'est ainsi pas étonnant qu'elle aime les anges, dont la vigilante protection s'immisce dans toutes les pièces de sa demeure. Dorées, blanches ou de bois simplement teinté, ces figures tutélaires la fascinent véritablement. Cette mystique panthéiste décèle dans la beauté de la nature la part visible du Dieu vivant, non le chef des Armées, mais l'Amour incarné par l'offrande du Christ. Pratiquant le dessin avec une réussite incontestable, Dominique compose avec aisance, s'accommodant tout aussi bien d'un bouquet de dahlias que d'une marine venteuse ou d'un portrait. Mais il semble que le paysage corresponde tout à fait à son tempérament. Pour parfaire sa palette, elle se sert d'innombrables échantillons de tissus qui lui permettent de retrouver toutes les nuances de la nature, lorsqu'elle doit retravailler le motif à l'atelier. Quand elle peint, elle n'écoute que de la musique sacrée, absorbant la beauté par l'esprit en gardant ses sens en éveil. Chez elle, la pureté des ombres, les reflets fugitifs des eaux, les plus humbles chemins de campagne donnent lieu à une traduction plastique originale. Si l'art du paysage certes demeure une expérience relativement classique, chaque peintre a la capacité d'apporter sa nuance au tableau. « Dans toutes les régions, on arrive à se poser et à trouver des choses tout à fait extraordinaires, nous avoue Dominique. Les falaises du Pays de Caux, le canal de Bourgogne, l'allée des tilleuls près de Chateauneuf-en-Auxois, l'anse de Réville, la magie de La Roche, humble lieu-dit du Cotentin, les côtes de granit rosé du nord de la Bretagne sont autant de merveilles pour celui qui sait voir. Je m'imprègne de toutes ces choses pour construire ma peinture. »

« II y a toujours des lieux et des moments - rares, il est vrai, mais bien réels - où l'élément physique et le plan métaphysique interfèrent, où l'extérieur adhère à l'intérieur. » a écrit Julius Evola dans Méditations du Haut des Cimes, titre devant bien sûr être entendu à double sens (Editions Pardès, Guy Trédaniel). N'est-il pas vrai que chez certains artistes, le paysage devient une manière d'autoportrait ?

Luis PORQUET, critique d'art

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